Article enrichi: Aliocha Boi : être témoin du réel

Le photographe Aliocha Boi ravit les réseaux sociaux avec ses clichés colorés, humains et qui invitent au voyage. Nous avons rencontré cet artiste qui s’apprête à publier son premier ouvrage.

« Je travaille beaucoup sur la couleur ». Quand on rencontre Aliocha Boi, cela ne va pas de soi. Tout de noir vêtu, boots Dr. Martens, chevalière et mèche à la Alex Turner, le photographe a une présence à la fois forte grâce à un style affûté, et tranquille à travers une attitude calme, posée et nonchalante.

Ancien étudiant en communication à l’Université Sorbonne Nouvelle, Aliocha Boi, 28 ans, s’est lancé dans une carrière de photographe il y a 4 ans. Après des débuts dans la photographie d’urbex (exploration urbaine) et d’architecture, le déclic pour la photographie documentaire lui vient au cours d’un voyage à Cuba pour Havana Cuba en 2016. Depuis, ce citoyen du monde (né à Paris d’une mère canadienne et d’un père italien, il a vécu à Berlin et au Canada) capture les visages et les ambiances à travers la planète, qu’il réunit dans un ouvrage qui sera publié en avril. Rencontre avec un artiste autodidacte.

https://www.instagram.com/p/BttaDysHLk6/

De son père mathématicien, Aliocha a hérité d’une fascination pour les symétries, de sa mère historienne de l’art, l’esthétisme. Il débute donc sa carrière de photographe avec des photos d’architecture. Très composés, structurés, ses clichés cherchent à raconter l’histoire du lieu qui en est la scène. Rapidement, Aliocha voit les abonnés de son compte Instagram augmenter. « On m’a même filé l’étiquette d’’influenceur’, à un moment… J’ai un rapport particulier à Instagram. C’est un formidable outil de communication, j’essaie de le conceptualiser comme une exposition. D’ailleurs, c’est grâce aux réseaux sociaux que j’ai la chance de pouvoir faire beaucoup d’expositions ».

Il effectue un virage et se tourne vers la photo documentaire, ce qui n’entache pas son succès. « Le voyage, en photo, c’est primordial. » Ses reportages à Shanghai, Cuba, en Inde séduisent par leurs couleurs vives et leurs regards francs. L’une des particularités du portefolio d’Aliocha, qui dénote parmi celui des autres photographes ? La forte présence de textes explicatifs, façon carnets de voyages. « Aujourd’hui, on est dans une société où tout doit être expliqué. Mais la photo peut se passer de texte. J’ai cette tendance à expliquer pas mal ce que je fais, mais je ne sais pas si c’est positif. Je pense qu’on peut laisser une part d’intrigue, laisser libre aux interprétations de chacun ». Ancien aspirant journaliste, Aliocha a gardé ce désir de « témoigner du réel, raconter des histoires », qu’il exprime désormais à travers ses clichés.

« J’ai toujours été curieux de plein de choses. La photographie, c’est un bon moyen de témoigner du réel, d’une époque, et ça me fascine », explique-t-il. Pourtant, malgré cette envie de capturer l’instant présent, Aliocha précise : « ce sont l’avant et l’après qui sont importants, en photo. Le pendant, où on appuie sur le déclencheur, on ne se pose pas beaucoup de questions ».

Les reportages photos sont, explique-t-il, « scriptés, comme un film. On a un scénario et on sait à peu près ce qu’on va faire sur place ». Aliocha se concentre sur des éléments intuitifs et visuels avant de partir. « J’ai un attrait pour la couleur, une culture différente, les contrastes humains, économiques, sociétaux… Je cherche à documenter un pays à une époque donnée », raconte-t-il, faisant la lumière sur des choix comme la Chine, l’Inde et Cuba pour ses reportages.

Mais Aliocha, qui est aujourd’hui basé à Paris, ne documente pas seulement le bout du monde. Il a récemment réalisé un projet avec l’Unicef sous forme de polaroids, un format qu’il n’avait jamais essayé auparavant. Pendant un mois, il a réalisé des images Porte d’Aubervilliers, autour du thème de la migration. « C’était mon projet le plus difficile. Je n’avais jamais shooté en Polaroid, et il fallait approcher les gens, gagner leur confiance… ».

Un challenge supplémentaire pour cet autodidacte qui jongle entre projets dits « corporate » et personnels. « Au départ, je suis assez timide, j’ai un peu de mal à me vendre. Je n’ai pas fait d’école de photo, je voulais vraiment m’éloigner de ça. Aujourd’hui, je vis avec du corporate [des missions pour des entreprises, ndlr.], et je suis dans un collectif qui s’appelle Hans Lucas ». Aliocha explique que le statut de « free-lanceur » est très compliqué au début, mais que c’est un bon compromis pour avoir le temps pour des projets personnels. « Ce n’est pas un choix simple, vu la concurrence qu’il y a aujourd’hui dans le secteur. Mais j’ai la chance de pouvoir travailler sur des projets personnels en parallèle. C’est beaucoup plus instinctif, et je fais appel à des collaborateurs. Par exemple, pour mon livre, j’ai travaillé avec un poète, et pour mon projet sur ma grand-mère, avec un compositeur ». Quid de ses futurs projets ? « Je suis toujours en recherche de sujets, j’ai toujours envie de m’améliorer. En ce moment, j’ai envie de m’ouvrir à d’autres formats, comme la mode. Les photos en studio, ce n’est pas mon approche, mais ça m’intéresse. Actuellement, je travaille sur un projet sur Transibérien : je veux documenter un voyage dans ce train avec les gens en 3e classe, vivre avec eux. » Aliocha admet s’inspirer de certains photographes qu’il admire, mais en se restreignant : « Je ne veux pas trop m’inspirer, au risque de copier un travail qui a déjà été fait ».

Une vie trépidante, et une créativité en perpétuel tourbillon. Pourtant, Aliocha ne compte pas se reposer sur ses lauriers : « j’ai envie de développer ma pratique. Je veux vivre de mon art, c’est sûr, mais ça prend des années. La sortie du livre et mes expositions, ça tend vers cela ». On peut souhaiter un bon voyage à Aliocha Boi, dont l’œil expert continuera à ravir les nôtres, que ce soit sur des cimaises ou à travers les pages d’un beau livre.

Marshall O.G : de l’espoir au bout des rimes

Rappeur depuis l’âge de 15 ans, Marshall O.G  a fait de ses textes le miroir de son quotidien. Marqué par une enfance difficile et une jeunesse vécue dans les quartiers sensibles d’Asnières, l’artiste de 29 ans s’illustre désormais dans un style novateur : le gospel urbain. Portait.  

Marshal O.G ©

Ce Dimanche soir-là, l’émotion est à son comble sur le plateau de la Gospel Testimony. Invité d’honneur à cet événement incontournable de la jeunesse du gospel français, Elie alias Marshall O.G interprète son nouveau titre « tourné ». Larmes aux yeux, à genoux sur la scène devant un public touché en plein cœur par la profondeur de ses rimes, le jeune artiste raconte son parcours en musique de la délinquance à l’évangile. Les applaudissements retentissent à la fin du morceau. Le rappeur quitte la salle sous les ovations d’une foule encore bouleversée par l’histoire d’une vie où les temps de souffrance et de violence ont fini par laisser place à la paix et l’espoir. Marshall O.G décide de nous dévoiler sa personnalité en nous recevant à son domicile.

Le rap comme cri de douleur

C’est donc dans son modeste appartement situé en Seine Saint-Denis, dans la ville de Pantin que l’artiste nous accueille. Assis dans son salon sur son petit canapé gris à côté de son synthétiseur, le rappeur est devant son bloc note posé sur la table basse, au-dessus d’une pile de papiers en vrac et à côté d’une assiette de pâtes fraichement entamées. Marshall O.G ne s’arrête jamais d’écrire et de composer. Barbe de plusieurs jours au visage, vêtu d’un pull en col roulé gris et d’un jogging noir, le rappeur affiche sa décontraction habituelle. Avec un léger sourire au coin des lèvres, il se rappelle en riant du début de sa carrière. « Arrivé au lycée à 15 ans, le hip-hop était le genre le plus populaire, alors avec mes amis, on s’est lancé le défi de savoir qui était le meilleur rappeur.» Un challenge qu’Elie va prendre très au sérieux en consacrant tout son temps libre au rap.

La vie d’un jeune de cité, les amours de jeunesse sont des sujets récurrents dans ses premières chansons. Néanmoins, ses textes sont marqués par la douleur sentimentale causée par l’absence de son père avec lequel il n’entretient aucune relation jusqu’à  ses 25 ans. Elie a grandi seul avec sa mère et son frère. Pendant plusieurs années, le rappeur a tenu son père pour responsable des moments difficiles par lesquels il est passé durant l’enfance. « En raison de son absence, j’ai parfois manqué de repères dans la vie. Sans lui à la maison, on a dû faire face à la précarité et nous en avons beaucoup souffert.» Cette situation familiale a lourdement affecté l’artiste sentimentalement. « J’avais l’impression qu’il nous avait abandonné. Je ressentais à la fois un vide et un sentiment de haine envers lui.» Dans ses premières  chansons, le rappeur étale cette colère allant jusqu’à dire : « je ne veux rien savoir de mon père, même si on m’enterre, dite lui qu’il ne vienne pas ». Brisé moralement, l’artiste extériorise sa douleur au travers d’un rap provocateur et violent.

« Piégé par ma propre musique »

Jusqu’à ses 26 ans, Elie a vécu dans les quartiers sensibles d’Asnières. Dans son premier album intitulé «  le pire reste à venir », il  revendique avec arrogance le fait d’avoir grandi dans les cités de la ville des Hauts-de Seine. «  Je voulais faire un rap dont les gens de mon quartier soit fier. Et quand on habite dans ce genre de banlieue, il faut que ce rap soit le plus trash possible.» Cette volonté de s’affirmer et de s’imposer va causer de nombreux ennuis à l’artiste. Durant sa jeunesse, il se retrouve au cœur de nombreux affrontements opposant des bandes rivales d’Asnières aux villes alentours. Dans ses textes, le rappeur n’hésite pas à promouvoir un mode de vie où la violence est omniprésente au quotidien. Celui qu’on surnomme M’Roy à l‘époque se forge une véritable réputation de caïd.

Marshall O.G dans son clip Le Pire reste à venir, alors qu’il évolue avec M’Roy pour nom de scène

 « J’ai été piégé par ma propre musique car l’image de  gangster que j’avais développé dans mon rap je devais l’assumer dans la réalité. » Animé par l’orgueil personnel mais également par la peur de subir les moqueries, l’artiste se forge une carapace et continue d’entretenir cette image de dur à cuire. « Je regardais beaucoup de reportages sur les rappeurs à l’époque. J’étais attiré par le charisme qu’ils dégageaient et aussi par leur goût du luxe. Je prenais leur style de vie pour exemple, et malheureusement les mauvais côtés aussi.» Effectivement Elie n’échappe pas aux dangers et à la mauvaise influence de la rue. Dans les zones à risque d’Asnières, les codes du ghetto sont bien réels, et la loi du plus fort s’impose dans le quotidien des jeunes de cités. Le rappeur sombre dans la délinquance et s’enlise dans un engrenage qui lui coûte cher. Il est incarcéré à deux reprises dans les maisons d’arrêts de Fleury-Merogis et Bois d’Arcy pour des actes de violence.

Demain sera meilleur

En 2014, la vie de l’artiste bascule totalement. Affecté moralement  par ces périodes d’incarcération, Elie est en quête d’un second souffle.  C’est dans les voies de l’évangile et dans le gospel que le rappeur va puiser la force de prendre un nouveau départ. « Je me suis rendu à un évènement appelé le culte de gospel. Loin d’une cérémonie religieuse classique, j’y ai trouvé une ferveur sans précédents. L’authenticité de la musique, le message d’amour et d’espérance m’ont profondément bouleversé. Cela m’a poussé à mener ma vie différemment et à faire une musique porteuse d’un message positif.» La foi va désormais dictée le quotidien de l’artiste. Pour Elie, un rappeur doit faire corps avec ses chansons. Ses textes doivent être le reflet de son vécu et de ses convictions profondes.  « La musique prend un véritable sens quand on vit ce que l’on chante. J’ai vécu la rue et la violence donc j’ai rappé la rue et la violence. La foi et l’évangile ne sont pas une philosophie abstraite ou un délire religieux, mais ce sont des choses qui se vivent, donc aujourd’hui je rappe aussi cette expérience. »

Marshall O.G dans son dernier clip Si loin de toi

La carrière de l’artiste prend donc un tournant majeur. Elie décide de se produire dans un genre inédit : le gospel urbain. Un style issu de la rencontre entre le rap et le gospel. « Cela peut sembler contradictoire parce que le mode de vie associé au rap est loin d’être saint, mais là c’est radicalement différent. Dans le gospel urbain, il s’agit de mettre le style artistique du rap au service des valeurs du gospel. »Contrairement à ses premiers titres, le rappeur fait désormais la promotion de l’espoir et la paix au travers de textes engagés. Par  ses chansons, Elie tente d’être une source d’inspiration pour la jeunesse : « Mon but est de prôner l’amour et le respect d’autrui.  Ma musique et mon parcours, je les partage pour emmener un changement social dans les cités. Je souhaite encourager les jeunes à entretenir des rapports pacifiques entre eux, et également avec les autorités. Comme je le dis dans une de mes chanson intitulée Demain sera meilleur, on peut mal commencer mais l’essentiel c’est d’avoir la foi et de  croire en l’avenir. »

<< Si loin de toi disponible sur la plateforme Spotify >>

David Mabiala

Déconstruire la réalité

Last Supper, LEE Jee Young. Stage of Mind, Scènes d’esprit

Du violet, du rose, une pièce rectangulaire avec une table au centre, le repas est dressé et il attire une armée de souris blanches qui grouillent vers ce dernier diner. Last Supper, c’est le nom de cette photographie, mise en scène fantasmagorique de l’artiste coréenne Lee Jee Young qui se plait à transformer son studio de trois mètres sur six en scène surréelle toute droit sortie de son imagination ou ses rêves. La chambre reflète l’état d’esprit, le caractère de la personne qui l’occupe, et l’artiste nous livre des auto-portraits fascinants. L’espace est métamorphosé, la scène rappelle à la fois le joueur de flûte de Hamelin et la Cène de Vinci avec un personnage central qui essaye tant bien que mal de sauver son repas de cet essaim de souris.

Lee Jee Young est diplômée de la prestigieuse Hongik University à Séoul, a reçu de nombreuses récompenses artistiques dont le Sovereign Art Prize en 2012 et ses photos font partie des collections du musée de la photographie de Kiyosato au Japon, la Fondation pour l’art et la Culture d’Incheon, ou encore au musée OCI à Séoul.

Son studio demeure son espace de travail où elle construit minutieusement avec des objets éphémères, une scène semblable à une performance de théâtre fascinante, onirique.

Visite du studio de LEE Jee Young

Chaque installation donne naissance à une série de clichés intitulée Scènes d’esprit, immortalisant ce décor renouvelé, une interprétation personnelle de contes coréens, de ses rêves, de ses souvenir d’enfance.

Des sujets profondément intimes, des tableaux photographiques qui ne sont pas sans rappeler la photographe Sandy Skoglund aux installations colorées, Lee Jee Young devient tour à tour, peintre, sculptrice, metteuse en scène et photographe pour nous plonger dans son univers magique, une forme de catharsis lui permettant de se libérer de ses conflits intérieur et d’évacuer les frustrations du quotidien.

Voir aussi : Les dessous de l’installation de l’oeuvre My Chemical Romance

O’Gaming de potes à potes-casteurs

Alors que débutent les championnats du monde de League of Legends, rencontre avec de jeunes passionnés devenus les têtes de gondoles de la plus importante chaîne francophone consacrée à l’actualité de l’e-sport.

9h25. L’ambiance est tendue au sein de la chaîne O’Gaming. Présentateurs et techniciens, café à la main, se disent à peine bonjour et traversent, à grand pas, les locaux situés au deuxième étage du centre commercial quasi-fantôme d’Ivry-sur-Seine. Pas le temps : les mondiaux du jeu League of Legends ont commencé la veille en Corée du Sud, chez le tenant du titre et grand favori de la compétition (cinq victoires en sept éditions). Alors qu’on nous invite à faire un rapide tour du propriétaire, les commentateurs (ou “casteurs”) de l’événement e-sport le plus suivi au monde s’échauffent dans un studio à l’odeur de peinture fraîche. Le “pre-show”, l’émission qui présente les matchs à venir et livre quelques analyses sur les forces en présence, s’apprête à débuter. La régie se met en place. Les animateurs, en costard et chemises cintrées, discutent des matchs de la veille. Le compteur de spectateurs augmente au fur et à mesure que le compte à rebours se réduit. 9h30. Le spectacle peut commencer. Générique chiadé, musique tonitruante, extraits du jeu et des émissions précédentes, tout est là pour assurer le bon déroulement de l’événement qui, à cette heure pourtant matinale, est déjà regardé par un peu plus 15 000 spectateurs. Une fois l’émission achevée et la compétition lancée, voilà que les casteurs agissent plus sereinement. Pas de protocole chez O’Gaming : on se tutoie, on s’affale sur les canapés du grand salon qui retransmet les matchs en direct, puis on hurle, canette de Red Bull à la main, en regardant l’équipe Coréenne AfreecaFreecs être défaite par les Taïwanais de Flash Wolves.

Flash Wolves vs AfreecaFreecs par O’Gaming – 11/10/2019

Profession : casteur

Ces noms ne vous disent peut-être rien, mais ces équipes sont bel et bien adulées par plusieurs centaines de milliers de spectateurs, qui suivent toute l’année leur “team” favorite jusqu’aux mondiaux de League of Legends, climax médiatique de la sphère e-sport. Composées de professionnels, ces équipes aux noms sonnant comme des franchises NFL (les Chinois de Invictus Gaming ou les européens de la Team Vitality) s’affrontent sur le célèbre jeu édité par Riot Games. Le principe de League of Legends est simple : deux équipes de cinq joueurs – après avoir choisi leur soldat virtuel parmi les 141 personnages du jeu – s’affrontent dans une arène fermée. L’objectif ? Détruire la base adverse en faisant progresser ses personnages, tous équipés de compétences diverses : l’idéal serait que celles-ci s’avèrent, au fil des stratégies adoptées, complémentaires et victorieuses. Qui s’occupe de diffuser les matchs ? Riot Games produit dans un premier temps un “stream” officiel (diffusion d’images en direct), qui est ensuite retransmis par tout un tas de diffuseurs aux quatre coins du monde. En Europe, la majeure partie des “games” sont diffusées sur Twitch (plateforme de streaming propriétée d’Amazon) via des chaînes montées par des fans et des professionnels. En France, c’est O’Gaming qui occupe ce terrain-là Lancée en 2011 par une bande d’étudiants parisiens, elle est aujourd’hui la chaîne francophone n°1 à diffuser et à commenter l’intégralité des championnats majeurs de League of Legends.

Chips, Noi ou Zaboutine (pseudonymes de Fabien Culié, Charles Lapassat et Thomas Si-Hassen) font partie de cette troupe. Commentateurs, showmen ou coachs venus ici en tant que consultants, ils passent la journée à alterner entre les commentaires et les pauses canapé. Sur son travail de commentateur, Chips s’exprime d’un air sérieux, considérant que son boulot n’est plus à l’heure, en 2018, d’une vulgarisation. “On était pédagogue au début. On découvrait toutes les spécificités du jeu en même temps que les gens qui nous suivaient. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui, je ne vais pas expliquer ce qu’est un flash ! L’important est de faire vivre l’action sans rappeler les principes de base”. Zaboutine, coach de l’équipe d’OpTic Gaming à Los Angeles, est quant à lui occasionnellement chez O’Gaming pour apporter son expertise (accessoirement car son équipe ne s’est pas qualifiée pour les mondiaux). Ce dernier insiste aussi sur l’instant sportif, le plus important à ses yeux : Quand je caste, je veux donner suffisamment d’analyse pour donner de la crédibilité à ce que je dis, mais 90% du métier de casteur, c’est de l’émotion. Il faut faire vibrer les gens, mettre l’emphase sur un moment clé !

“Je ne vais pas expliquer ce qu’est un flash !”

Chips (Fabien Culié)

Au même titre que ses partenaires et diffuseurs comme O’Gaming, Riot Games souhaite toucher le plus d’audience possible. Riot aimerait qu’il y ait plus de personnes qui regardent League of Legends que de gens qui y jouent. Mais je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui” précise Chips. Zaboutine pense aussi que jouer au jeu est nécessaire pour comprendre les enjeux du direct : “League of Legends est un jeu trop difficile à suivre pour les néophytes. Mais plus il y a de gens qui regardent, plus les gens qui travaillent dans l’e-sport peuvent en vivre. On a besoin d’audience pour ça ! » Au-delà de cette démocratisation envisagée, la question de la dépendance avec l’éditeur de League of Legends est un enjeu important pour O’Gaming. C’est Riot Games qui fournit le flux d’images que Chips et sa bande doivent commenter durant les mondiaux. Ce dernier relativise pourtant l’impact de cette dépendance sur son travail : “On a l’habitude de ne pas contrôler les images. Mais les streams fournis par Riot sont de qualité. Ils ont les meilleurs observateurs du monde. Ils savent ce qu’ils font”. Hors mondiaux, quand le monde de l’e-sport n’a pas les yeux rivés sur les images de Riot Games, c’est la bande d’O’Gaming qui doit produire la majorité de son contenu. Noi, autre tête d’affiche de la chaîne, décrit d’ailleurs les championnats du monde comme la “période la plus tranquille”. “Tout le travail est déjà fait” nous précise-t-il affalé sur son fauteuil, avant d’ajouter que “le reste du temps, lorsqu’il n’y a pas de grands événements, on doit tout faire nous-mêmes. La charge de travail peut être considérable”.

Visuel O’Gaming

De la niche au Stade de France

C’est que, derrière l’aspect brinquebalant et bon-enfant de cette web-télé dédiée à l’univers du “gaming”, se cache une imposante machine. Alt Tab Production, la boîte de production audiovisuelle créée en 2011 et dont O’Gaming est la vitrine, emploie 25 salariés en CDI toute l’année et un nombre tout aussi important de pigistes et autres prestataires. À Ivry, la jeune entreprise a même pu dessiner ses locaux elle-même : plateaux télés, régies, cuisines, espaces détente, salles de réunion, les lieux sont immenses. Alt Tab en est même venu à héberger d’autres entrepreneurs du streaming, dont Accropolis, chaîne Twitch consacrée à la politique. Ainsi, passée l’image de la simple boîte de potes, O’Gaming se révèle être la face apparente d’une importante structure capable de drainer des capitaux. Les Canadiens de Millennial Esports Corp y ont investi près de 2,5 millions d’euros en juillet 2017. L’argent ne manque pas. L’ambition non plus. Durant sa pause cigarette, Noi nous confiera même s’être déjà renseigné sur le prix de location des plus grandes salles de Paris, dont le Stade de France, pour y organiser des retransmissions et des événements en public : “On connait le prix mais c’est bien trop cher. Et puis honnêtement, pour diffuser de l’e-sport, on préfère les petites salles de spectacle. L’ambiance est plus électrique et un espace réduit est toujours mieux adapté aux écrans qu’un stade.” Quoiqu’il en soit, après une période de balbutiements et quelque temps en amateur, O’Gaming n’a désormais plus rien à envier à une véritable chaîne de télévision. De quoi voir les choses en grand pour la suite.

Corentin Lê & Pierre Hémono

Cédric Roulliat, rêveur pop réaliste

Cédric Roulliat, rêveur pop réaliste

A la fois influencé par les mythes hollywoodiens et l’esthétique pop des sitcom eighties, le travail de Cédric Roulliat se veut éclectique. A côté de son travail photographique et de son activité de traducteur freelance, il s’essaie aujourd’hui au théâtre avec la mise en scène d’Ultra-girl contre Schopenhauer.

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 Cédric Roulliat, artiste décalé.  © Cédric Roulliat

Mettre en scène une femme dans les années 70 et sa projection en super-héroïne, Ultra-Girl, qui affrontent le philosophe misogyne Schopenhauer n’est pas un scénario banal. Ultra-Girl contre Schopenhauer a d’abord été jouée à L’Elysée à Lyon : « un théâtre lyonnais où se jouent des formes théâtrales atypiques » explique le metteur en scène.

Et le public a répondu présent. Il a aimé, la pièce a été rejouée, des professionnels sont venus et même des personnes qui n’allaient habituellement pas au théâtre. La pièce a été représentée au théâtre de Gennevilliers dans le cadre du Festival Impatience organisé par le Cent-quatre à Paris le 7 et 8 décembre 2018.

…d’inspiration féministe

Cédric Roulliat adopte dans sa pièce un point de vue féminin et l’assume totalement. « Se cantonner à notre identité serait un appauvrissement de la création ». Il se déclare sans hésitation féministe. Dans une période post-#Metoo, la pièce pourra être appréciée pour la voix qu’elle donne aux femmes. Et oui, car même chez les super-héros, les femmes n’ont pas toujours eu leur place. Les héros hollywoodiens, « ces archétypes, demi-dieux, glamour en toute circonstance » passionnent Cédric Roulliat.

Mais il regrette vivement l’absence de la gente féminine parmi eux jusque dans les années 80. « Les points de vue étaient toujours ceux des hommes et la femme était l’objet de leur désir, cantonnée à un objet». Face à ce constat, il ressent le besoin de créer et d’imaginer des héroïnes durant la période hippie. Mais Cédric Roulliat avoue : « Je n’ai pas entrepris un travail de ce type tout de suite, il m’a fallu du temps pour m’autoriser à le faire ».

Entre rêve et réalité

A l’image de ce scénario haut-perché, les pieds sur terre, la tête dans les étoiles, Cédric Roulliat l’a toujours été. Surtout dans les étoiles d’ailleurs : « mes parents me décrivaient comme un adolescent très distrait, pas très adapté aux réalités du monde réel ». Mais plein d’imagination.

Il passe d’abord son temps à réaliser des bandes dessinées et aimerait en faire son métier mais la réalité le rattrape. Il prend conscience qu’il n’a pas le niveau suffisant pour continuer dans cette voie et ressent le besoin de pratiquer un art plus «collectif». Cédric Roulliat trouve cette dimension dans la photographie et s’évertue à préparer des scènes composées de différents protagonistes. Bien avant le théâtre, la photographie prendra une grande partie de son temps.

La découverte de l’appareil argentique de son grand-père durant son adolescence lui révélera une nouvelle passion à laquelle il pourra dédier toute son imagination. Il n’a bientôt plus qu’une obsession : réaliser des portraits de ses amies en les déguisant et créer des personnages toujours plus variés.

Ce n’est pas pour rien qu’il admire l’artiste féministe Cyndie Sherman qui se prenait en photographie dans les rues de New-York avec des perruques, multipliant ainsi les personnages. «Son côté amateur était émouvant et très évocateur » confie-t-il avec une certaine émotion. Vivian Maier, qui réalisait avec son appareil photo de nombreuses scénettes de vie au sein de la Grande Pomme l’a également marqué.

Éclectisme des pratiques

Une fois son DEA de langues en poche, il décide de se lancer dans la traduction car il admet : «On ne vit que très rarement de la photographie ou du théâtre ». Mais il voue une admiration certaine pour ces arts : « le théâtre permet la stylisation et de transposer, sublimer le réel ». Son activité de traducteur innerve son travail puisque Edwige d’Ultra-Girl contre Schopenhauer est traductrice… de bandes dessinées !

« Mon milieu social ne m’a jamais découragé. Ils m’ont laissé faire. Ça n’a jamais été un combat ». Son père, dessinateur industriel, et sa mère, comptable, ont peu d’influence sur le travail de leur fils. “Mes parents me voyaient comme travailleur et un peu angoissé” confie-t-il. Cédric Roulliat multiplie en effet les casquettes : traducteur, photographe et maintenant metteur en scène. « Faire fonctionner Ultra-Girl contre Schopenhauer demande presque du travail à temps complet. A côté de cela, j’ai mon activité de traducteur et je continue la photographie. J’ai mis en place une soixantaine de séances photos en 2018 ».

Le doute salvateur

S’il a décidé d’éliminer le doute de pouvoir vivre de la photographie ou du théâtre grâce à son activité de traduction, l’hésitation liée à la création en elle-même reste présente. « Si tout était une évidence ce ne serait pas de l’art mais de l’artisanat, je suppose ». La solution qu’a trouvée Cédric Roulliat dans ces moments repose en un mot : travailler. Se lancer dans un projet théâtral signifie programmer des dates et tout faire pour pouvoir tenir les échéances. La possibilité de tester sa pièce au théâtre de L’Elysée a été comme un déclic pour la création d’Ultra-Girl contre Schopenhauer : « Je me suis dit : j’essaye, c’est pas grave si ça ne fonctionne pas ».

Et cela a fonctionné. Depuis, Cédric Roulliat continue de sillonner la France, entre projets photographiques urbains, souvent parisiens, et travail sur une seconde pièce à Lyon où il habite : « Tant que j’ai de l’inspiration, je n’arrêterai pas » assure-t-il.

Twitter – Mort de Karl Lagerfeld: des hommages en clair-obscur

Ce mardi, on apprenait le décès d’une éminente personnalité de la mode, le couturier Karl Lagerfeld, notamment à la tête de la maison Chanel, de Fendi et de sa marque Karl Lagerfeld.

Rapidement, de nombreuses personnalités et médias lui rendent hommage.

On se souvient de lui à travers un verbe unique en son genre…

Mais d’autres rappellent une facette du créateur qui n’est pas mentionnée dans les hommages.

Pour Cara Delevingne, petite protégée du Kaiser, le tweet de Jameela Jamil est déplacé.

Auteurs en colère

Écrire toute la journée ? Ce n’est pas un métier ! Les clichés sur les artistes-auteurs ont la vie dure.


Pourtant, une petite mise au point semble nécessaire.


Ni salariés, ni indépendants, ni intermittents, les artistes-auteurs n’ont pas véritablement de statut. Ils n’ont pas droit au chômage, ni aux congés payés, ni aux arrêts maladie.


La réforme proposée par Françoise Nyssen lorsqu’elle était ministre de la Culture n’a pas enchanté les artistes-auteurs.


Franck Riester, actuel ministre de la Culture, proposera-t-il une réforme adaptée ?


Etrange apparition dans le ciel de Mayotte

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Une forte explosion a été entendue par les Mahorais lundi, vers 21h30. L’ensemble des informations officielles laisse entrevoir que le phénomène observé serait la chute d’une météorite.

https://twitter.com/alo_clinton/status/1097666092791746561

Après les nombreuses interrogations sur Twitter, la thèse la plus envisagée semble bien être celle d’une météorite, effondré relativement loin des côtes.


La préfecture du département a indiqué sur son compte Twitter être à la recherche d’une explication puis a confirmé la thèse de la météorite.

#MacronistesAnonymes : des internautes en soutien à Macron sur Twitter

Depuis la rentrée, la popularité du président de la République est en chute libre. Pourtant, depuis la fin de la semaine dernière, une foule de #MacronisteAnonyme prennent la parole sur Twitter pour soutenir Macron.

macron

Touchés par le soutien sur Twitter, des membres du gouvernements s’expriment.

Loin d’être un hashtag de jeunes cadres dynamiques, on tombe sur des #MacronisteAnonyme atypiques.

Certains internautes, incrédules, croient à une manoeuvre de l’Elysée.

Sans grande surprise, les #giletsjaunes sont la cible favorite des #MacronisteAnonyme.

Devant cette déferlante pro-Macron, les anti-macronistes n’étaient pas bien loin.

Gillette : la polémique

En janvier dernier, une publicité Gillette soulevait un tollé.

Son traditionnel slogan « The best you can get » transformé en « The best you can be », la marque de rasoir invitait les hommes à questionner leur masculinité. Visionnée près d’un million de fois en 24h, celle-ci a  immédiatement été prise pour cible par de nombreux hommes.

Des réactions virulentes,  rapidement suivies par une vague de boycott.


Néanmoins, ils sont également nombreux à avoir réagi positivement au message de la publicité.

Manchester United vs PSG : une victoire de rêve

C’est le choc tant attendu des huitièmes de finale de la Ligue des Champions, le PSG se déplace à Old Trafford pour y affronter Manchester United

La première mi-temps est serrée, les deux équipes ont du mal à se départager !

Les parisiens vont se montrer plus créatifs et ils prennent le dessus durant le second acte !

Les dernières minutes vont tourner à la la démonstration et les supporters parisiens ne se gênent pas pour chambrer Manchester United et son entraîneur Ole Gunnar Solskjær…

Manchester United ne se montrent pas abattus après la rencontre. Les anglais  ont déjà les yeux rivés sur le match retour !

Le joueurs du PSG savourent leur victoire mais restent tout de même prudent pour l’acte 2 dans leur jardin du Parc des Princes.

David Mabiala

Montée de l’antisémitisme et gilets jaunes, un capharnaüm twitterien

Ce mardi 19 février, un rassemblement politique aura lieu à 19h place de la République. 19 partis politique seront présent à l’exception du rassemblement nationale, non convié. En cause, une montée de l’antisémitisme en France, chiffré, mais aussi visible, à travers différents tags qui sont apparus en marge des manifestations gilets-jaunes.

Alors que Le Monde fait un lien direct entre antisémitisme et gilets jaunes avec ça une, Le Figaro donne la parole à Gilles-William Goldnadel qui lui préfère plutôt que de pointer les gilets-jaunes, montrer du doigt l’islamisme.


Qui amène dans son sillage des déclaration anti-islam.

Relançant cet fameuse idée de l’islamo-gauchisme.

Surtout qu’une proposition de loi voudrait condamner l’anti-sionisme au même titre que l’antisémitisme, une idée qui ne plait pas partout. Alors anti-sionisme = antisémitisme caché ?

Ou le sionisme est une idéologie politique qui peut être critiqué au même titre que d’autres ?

Alors même que Le Monde Diplomatique démontrait en début de mois que la communauté juive américaine se détourne de plus en plus d’Israël.


Tous ces débats éloignent d’une réalité qui touche toute une communauté stigmatisé et victime d’agression.


Alors après cette marche et au delà de tous ces débats stériles quelles solutions pour contrer cette montée ?

La Favorite des Oscars

Depuis sa sortie en salles, le film La Favorite du réalisateur grec
Yórgos Lánthimos, continue à figurer parmi les plus plébiscités pour rafler le plus de statuettes d’or hollywoodiennes.

Nommé dans 10 catégories des Oscars, dont celle du Meilleur Film, de la Meilleure Actrice (Olivia Coleman) et de la Meilleure Actrice Secondaire (Rachel Weisz et Emma Stone), le film porté par ce trio féminin a déjà remporté de nombreuses récompenses, dont 7 BAFA (les Oscars britanniques) et un Golden Globes. Même si Télérama semble être « électrisé » par le spectacle, la Favorite ne fait pas l’unanimité.

Le Figaro pense qu’il mérite ses statuettes ne serait-ce que pour son manque de politiquement correct. Mais les critiques de Libération ou des Inrocks sont plus intransigeantes.

Reste à savoir ce que pense le public. Il semble conquis. Ou troublé. Ou les deux.

Il faudra attendre le 25 février pour savoir combien d’Oscars la Favorite aura gagné.

La PQR chante l’amour

Quand les très sérieux quotidiens régionaux traitent un marronnier du calendrier – La Saint-Valentin – cela donne des tweets des plus … Cocasses.  Qui a dit que la PQR n’avait pas d’humour ?

Entre les fracassantes révélations autour de la ligue du lol, le départ larmoyant de Juppé, le feuilleton sans fin des gilets jaunes… La PQR n’oublie pas son lecteur en mal de bons sentiments. Preuve en 11 tweets que le journalisme peut encore distiller de l’amour sur Twitter, n’en déplaise aux haters.

Il y a les enquêtes de fond :

L’info insolite :

Les questions existentielles :

L’amour politique :

L’instant conseil :

Sans oublier les casseurs d’ambiance…

« Grâce à Dieu » sortira sous bénédiction judiciaire

Après avoir été assigné en référé par l’avocat du Père Peynat, suspecté de pédophilie et mentionné dans le film, François Ozon a su trouver grâce auprès de la justice qui vient d’autoriser la sortie de son long-métrage, ce mercredi.

Tandis que de nombreux Twittos se réjouissent de la nouvelle, l’affaire est du pain béni pour les amateurs d’humour grinçant….

Une annonce qui s’accompagne également de la victoire du film au Berlinale 2019.

La parution du film donne espoir à certains Twittos de voir davantage de tabous se briser au sein du catholicisme mais également dans les différentes religions monothéistes.